Principe général de l’évaluation des résultats des essais cliniques
Classification des résultats en faveur de l'efficacité
Les éléments de la force de conviction d’un résultat d’essai thérapeutique
Résultat faussement positif dû au hasard
Résultat faussement positif dû à un biais
Démarche hypothetico déductive
Les différents types de résultats
Cohérence externe d’un résultat
Conséquences des décisions basées sur des preuves imparfaites
L’évaluation de l’intérêt thérapeutique d’un traitement (médicamenteux ou autre) s’effectue à l’aide des essais thérapeutiques contrôlés, randomisés, en double aveugle, correctement conçus et réalisés.
En fonction des résultats obtenus et de la robustesse de sa méthodologie, un essai thérapeutique peut ainsi apporter ou non des éléments de preuve de l’intérêt thérapeutique d’un traitement.
Pour apporter une preuve de l’intérêt thérapeutique d’un traitement, un essai doit fournir au moins un résultat qui démontre parfaitement un bénéfice cliniquement pertinent débouchant sur un bénéfice net favorable après prise en considération des effets indésirables.
Cependant, tous les résultats produits par un essai thérapeutiques, indépendamment de leur teneur, ne se valent pas et certains ne sont pas suffisamment fiables ou pertinents.
Le fait qu'un résultat puisse être, apparemment, en faveur de l'efficacité du traitement n'est pas suffisant pour un faire une preuve de l'intérêt thérapeutique du traitement. Encore faut-il, qu'il soit solide méthodologiquement, qu'il puisse permettre, de conclure statistiquement sans risque, qu'il représente une plus-value médicale et qu'il ne soit pas susceptible d'être complètement contre-balancer par des effets indésirables
L’objectif du site web Intérêt-Thérapeutique.org est de réaliser une analyse systématique de tous les résultats produits par une étude clinique afin de déterminer quels sont ceux qui sont suffisamment fiables et pertinents pour prouver l’intérêt thérapeutique du traitement évalué.
La force de conviction d’un résultat d’essai thérapeutique dépend de plusieurs éléments :
Ainsi en fonction de la méthode de l’essai, de la solidité statistique du résultat, de la nature du critère de jugement, de l’importance du bénéfice apportée, de la nature et de la fréquence des évènements indésirables, des patients inclus dans l’essai, un résultat donné peut constituer ou non une preuve de l’intérêt thérapeutique du traitement.
En pratique, la détermination de l’intérêt thérapeutique d’un traitement à partir du compte rendu d’un essai thérapeutique (article ou rapport d’essai) nécessite d’évaluer les résultats obtenus suivant toutes ces dimensions. Seuls les résultats qui ne soulèvent pas de réserves sur une quelconque de ces dimensions, seront en mesure de prouver l’intérêt thérapeutique du traitement. Les autres ne font que suggérer, au mieux, le bénéfice du traitement, mais n’en apportent pas la démonstration nécessaire à l’utilisation du traitement en pratique courante. Ces résultats doivent être alors confirmés dans un nouvel essai qui les démontrera de façon formelle ou qui les invalidera. En effet, l’expérience montre que beaucoup de résultats positifs, mais insuffisamment forts, n’ont pas été confirmés dans les essais ultérieurs mis en place pour les confirmer (cf. fiche concept : Preuves empiriques de la fragilité des résultats non formellement démontrés).
Ainsi, un essai ne donne pas toujours des résultats démontrant l’intérêt du traitement. Il peut avoir un design ou une méthodologie impropre à fournir des résultats suffisamment fiables ou suffisamment cliniquement pertinents. Ainsi, même s'il est, apparemment, en faveur d’un bénéfice, un résultat peut être invalidé par son manque de fiabilité ou de pertinence.
La nécessité de faire une évaluation critique systématique des article rapportant un essai clinique est rendu incontournable par l'existence de pratique d'enjolivement des conclusion, désigné par « spin des conclusions ». Ainsi, les résultats mis en avant dans les conclusions de ces articles et utilisés pour conclure positivement ne sont pas forcément des résultats ayant toutes les qualités requises pour permettre de conclure à l’intérêt thérapeutique du traitement.
Ainsi, certains papiers, même publiés récemment dans des revues prestigieuses, proposent des conclusions non supportées par les résultats et/ou abusivement valorisées pour soutenir un effet favorable du traitement étudié.
De ce fait, il est indispensable d’effectuer une évaluation critique des essais et de leurs résultats avant de suivre éventuellement les conclusions des auteurs et d’adopter les nouveaux traitements.
L’approche utilisée ici est centrée sur la recherche des nouveaux traitements représentant un réel progrès thérapeutique, c'est-à-dire apportant une amélioration de la prise en charge des patients par rapport au meilleur des traitements précédemment disponibles.
Il existe aussi des essais, moins ambitieux, qui cherchent seulement à montrer qu’un nouveau traitement peut représenter une ressource thérapeutique efficace sans vraiment chercher à détrôner le traitement de référence (par exemple à l’aide d’essai de non-infériorité, mais c’est aussi le cas d’essais de supériorité).
Ces essais ont pour objectif d’introduire sur le marché un nouveau traitement, mais ne se préoccupe pas de faire progresser la prise en charge de la maladie.
Dans cette logique, les nouveaux traitements évalués par ces essais ne peuvent pas être utilisés en première intention (car on ne sait pas s‘ils représentent la meilleure option à proposer aux patients) et ils constituent seulement des options alternatives en cas de réelles impossibilités de donner à certains patients le traitement de référence.
Les résultats de ces essais seront donc systématiquement considérés comme ne montrant pas l’intérêt thérapeutique de ces nouveaux traitements, le terme intérêt thérapeutique étant compris dans ce site comme amélioration de l’existant (un nouveau traitement n’a d’intérêt que s’il permet de faire mieux que les traitements précédents).
Cependant, ces traitements peuvent avoir, à un niveau individuel, un certain intérêt pour le médecin, par exemple quand le traitement de référence a échoué ou n’est pas utilisable ou supporté. Ce sera par exemple le cas avec :
Un autre élément de la logique utilisée est qu’en absence de démonstration formelle de l’efficacité, la situation est alors considérée comme identique à celle où l’efficacité serait inexistante.
En effet, avant d’engager la communauté à proposer un nouveau traitement à de nombreux patients, il est indispensable d’avoir la preuve de l’efficacité du traitement. De plus, les traitements ont un cout qui engage la collectivité et même, dans certains systèmes de santé, directement les patients eux-mêmes.
Bien sûr l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence, mais ce questionnement ne concerne que le chercheur qui s’interroge sur l’opportunité de mettre en place un nouvel essai s’il pense que les résultats négatifs obtenus ne remettent pas en cause l’hypothèse théorique de l’intérêt de ce traitement. Il y a donc une lecture critique du chercheur qui est différente de celle du clinicien ou du décideur.
Un résultat ne peut être considéré comme scientifiquement établi que s’il correspond à l’hypothèse de l’essai et respecte ainsi la démarche hypothético-déductive. Autrement, il s’agit seulement d’un résultat post-hoc qui n'a qu'une valeur exploratoire.
En effet, l’approche utilisée doit respecter strictement la démarche scientifique hypothético-déductive et doit écarter toute tentation d’avoir une lecture inductive des résultats (cf. fiche concept démarche inductive et déductive).
Souvent, la tentation est forte de généraliser les résultats observés dans une étude (démarche inductive), mais cette généralisation, au rang de loi, d’une simple observation, correspond à une faute de logique (logical fallacy) désignée par « Post hoc, ergo propter hoc » (« après cela donc à cause de cela »).
Ainsi toute exploitation de résultats ne découlant pas directement de l’hypothèse spécifique testée par l’essai (résultats post hoc) n’a aucune valeur de preuve et ne représente pas un fait scientifique prouvé. Tout au plus il permet de générer une nouvelle hypothèse à vérifier de manière déductive dans un nouvel essai thérapeutique.
Cette exploitation inductive des résultats, bien que néanmoins très largement pratiquée, n’est pas en mesure de fournir des éléments de preuves de l’intérêt thérapeutique des traitements. Cela conduit à récuser par exemple, pour la question de l’efficacité, les résultats provenant des critères qui n’étaient pas des critères principaux ou provenant de sous-groupes pour lesquels aucune hypothèse spécifique n’avait été formulée.
Il convient de distinguer plusieurs situations :
Les principes mis en jeux ne sont pas les mêmes en fonction de ces différentes situations :